Comme éducateur et parent de deux enfants, je reconnais pleinement l’importance du développement d’une boîte à outils chez nos enfants pour gérer le stress. Dès un jeune âge, nous sommes tous exposés au stress sous différentes formes: nous le percevons individuellement à travers nos lunettes uniques, et tout le monde le gère à sa propre façon. J’ai constaté de par mes expériences personnelles que la gestion du stress est une habileté qui doit être développée intentionnellement, et que nous avons aussi tout besoin d’être guidés, à un moment ou un autre, surtout à un jeune âge.
De prime abord, reconnaissons que le stress est en fait un ensemble de réactions dans notre corps lorsque nous faisons face à une contrainte quelconque (p. ex.: conflit, échec, etc.). Ces réactions nous incitent à prendre des décisions (répondre au stress) dans le but de nous adapter à cette contrainte. C’est toute une production de différentes hormones dans le corps! En fait, c’est en 1935 que Hans Selye, médecin québécois et pionnier dans la recherche sur le stress, introduisait le syndrome général d’adaptation au stress. Dans l’esprit de bien se connaitre, je trouve important de comprendre comment nous réagissons physiologiquement au stress, alors prenons quelques instants pour explorer un peu les composantes principales de ce syndrome.
En gros, M. Selye explique que notre réaction à une contrainte stressante se fait en 3 phases: l’alarme, la résistance, et l’épuisement.

Phase 1: Alarme
Du moment que nous faisons face à une situation jugée stressante, notre corps produit une hormone (catécholamine). Voici quelques effets de cette hormone sur notre corps: augmentation du rythme cardiaque, augmentation de notre température corporelle, augmentation de notre niveau d’attention (vigilance), augmentation de la tension artérielle. Bref, ces hormones préparent notre corps à réagir à la situation stressante en augmentant le niveau d’oxygène dans notre corps, là où nous en aurons besoin. C’est donc la préparation au combat ou à la fuite. Je trouve fascinant l’automatisme du corps humain!
Phase 2: Résistance
Si le stress persiste, notre corps sécrète un deuxième type d’hormones nommées glucocorticoïdes. Ces hormones augmentent le sucre dans le sang, le but étant d’alimenter davantage, entre autres, nos muscles et notre cerveau. Vous voyez, résister continuellement à un stress requiert de l’énergie, et notre corps produit ces hormones afin de tenter de le soutenir à long-terme.
Phase 3: Épuisement
Comme le disent mes parents: “Il y a un bout à tout!” Si nous continuons à vivre le stress ou même si le stress s’intensifie, notre corps sera débordé d’hormones et ne pourra plus se réguler. Eh oui, ces mêmes hormones qui nous permettaient d’agir initialement nuisent sérieusement à notre santé. Quel équilibre sensible!
Et nos élèves, eux?
Le syndrome général d’adaptation au stress nous renseigne sur ce qu’il se passe physiologiquement lorsque notre corps est soumis à une contrainte stressante. Toutefois, elle ne nous renseigne pas par rapport aux actions à prendre face à un moment de stress. Et pour nos élèves dans nos écoles, avoir un processus pour traiter le stress dans sa boîte à outil peut être le facteur qui les épargne de la phase 3 – l’épuisement. Je partage donc avec vous un simple processus en format acronyme qui pourrait servir aux élèves comme levier de prévention.
S.T.R.E.S.S.
J’aime beaucoup me servir d’acronymes afin de simplifier l’apprentissage. C’est aussi une excellente façon de se rappeler des différentes étapes d’un processus. Je vous propose donc S.T.R.E.S.S.: Savoir, Tenir calme, Respirer, Évaluer, Saisir une action, Soutenir cette action.
S = Savoir
La toute première étape est de savoir que nous sommes sous l’influence du stress. La simple action de s’arrêter et se le dire nous aide à en être conscients. Pour traiter le stress, il faut savoir que nous sommes stressés! Cela peut sembler évident, toutefois pour un élève qui est déjà dans la phase 1 et que son corps se rempli rapidement de catécholamines, il n’est pas facile d’y prendre conscience. Il faut accompagner nos élèves à exercer ce muscle.
T = Tenir calme
Une fois que l’élève sait (être conscient) qu’il ressent le stress, la prochaine étape est de tenter de se tenir calme. Il existe plusieurs techniques pour nous aider: compter, détendre les muscles, faire de l’exercice, se répéter une phrase, penser à quelqu’un, et j’en passe. Se tenir calme est important, car cela nous permet de réfléchir objectivement aux prochaines actions.
R = Respirer
La respiration peut être la meilleure alliée pour détendre les émotions. De plus, ça peut aider à mieux contrôler notre rythme cardiaque ainsi que notre tension artérielle (souvenez-vous de la phase 1?). Pour un élève, respirer lui offre du temps: du temps pour se composer et pour passer à la prochaine étape: évaluer la situation.
E = Évaluer la situation
Maintenant que nous sommes conscients d’être sous l’emprise du stress, que nous sommes calmes et que nous respirons afin de contrer l’effet des hormones, nous sommes en meilleure position pour évaluer la situation. Ici, j’encourage les élèves à se poser des questions:
- Quels sont les éléments qui me stressent?
- Est-ce que ces éléments sont dans ma zone d’influence?
- Est-ce que je peux régler la situation maintenant, ou devrais-je attendre plus tard?
- Suis-je assez calme pour passer à la prochaine étape?
- Ai-je besoin de l’aide?
Se poser des questions nous aide à clarifier et comprendre la situation. Ce questionnement nous amène aussi à choisir les prochaines actions à entreprendre.
S = Saisir une action
Sans action, il n’y a pas de solution. Oui, l’élève pourrait décider de ne pas agir dans le moment…mais dans cette situation, même choisir l’inaction est une action en soi, n’est-ce pas? Ce que j’aime de cette étape, c’est que l’élève se responsabilise face au processus, et s’engage activement à une solution. Quelle belle occasion de pouvoir développer son autorégulation: processus cognitif qui lui servira pendant toute sa vie. Prochain arrêt: soutenir!
S = Soutenir
Ici, soutenir a deux sens: agir en renfort, et chercher de l’aide au besoin. Dans le premier sens, le processus est renforcé puisque nous avons passé à l’action. Pour l’élève, sa confiance s’accroît et il a fléchit son muscle d’autorégulation. Bravo! Dans le deuxième sens (et tout aussi important), l’élève est encouragé à rechercher de l’aide au besoin. Ceci peut être un membre de sa famille, un.e ami.e, ou même un adulte bienveillant à l’école. Je reviens au premier paragraphe de ce billet: nous avons tous besoin d’être guidés, à un moment ou un autre, surtout à un jeune âge. Un élève qui ajoute cette stratégie de dépannage à son coffre en sera bien servi tout au long de sa vie.
En fin de compte, il est impossible d’éviter tout stress dans la vie. Pour nos enfants, il est important de les guider dans un processus qui leur permettra de gérer leur stress. Il ne faut surtout pas les surprotéger, car ceci crée une dépendance malsaine. N’oublions pas que le stress est un ensemble de réactions dans notre corps lorsque nous faisons face à une contrainte quelconque, et que ces réactions nous incitent à prendre des décisions. Il est donc clair dans mon esprit qu’il faut outiller les enfants à pouvoir bien prendre des décisions. Pourquoi? Bien, avoir un processus tel que S.T.R.E.S.S. dans son coffre à outils permet de transformer le stress en eustress (merci encore à M. Hans Selye), qui en retour peut bâtir du momentum positif.
Merci de laisser vos commentaires 🙂
Très intéressant, merci pour cette découverte
Merci Patricia 😊