Depuis toujours, la mission de l’école est de nous outiller à pouvoir réussir au courant de la vie. Apprendre à lire, à écrire, à compter, à bien jouer avec les autres, à développer un esprit critique – dans l’espoir de réussir et de devenir un membre productif de la société.
Bien qu’enseigner à nos élèves comment ils peuvent réussir est une action absolument nécessaire à faire à l’école, comment abordons-nous avec eux l’échec ? Plus précisément, leur réaction à l’échec ?
Cette question m’a apporté à réfléchir à mon rôle de parent de deux magnifiques enfants. L’objectif ultime de mon épouse et moi est de les guider et de les aider à développer les outils nécessaires pour réussir dans la vie. Nous voulons qu’ils soient heureux, qu’ils travaillent fort et obtiennent tout ce dont la vie peut leur offrir. Et comme enseignant et direction d’école, je veux la même chose pour mes élèves.
Le rôle de l’échec
L’échec joue un rôle essentiel dans le cycle de l’apprentissage. Ça, nous le savons. Quand nous vivons un échec, c’est inconfortable. Le sentiment évoqué est notre signal qu’il faut adopter un changement quelque part. Nous apprenons, et nous modifions en conséquence pour obtenir, la prochaine fois, un meilleur résultat (réussir). Lorsque nous vivons un échec, c’est une occasion de grandir.
L’échec, alors, n’est pas une finalité, mais un maillon dans un processus continu que nous appelons “apprentissage”. Et c’est là, je pense, qu’il y a un blocage.
En réaction AU/À au lieu de POUR
À l’école, les profs nous enseignent comment réussir. De même, à la maison, nos parents nous guident pour que nous puissions réussir dans la vie. Il va donc sans dire que nos enfants (selon l’âge bien sûr) savent, en général, ce qu’ils doivent faire pour réussir: étudier, faire les devoirs, participer, être serviables, maintenir une bonne santé physique et mentale, pratiquer le respect, accomplir les tâches à la maison, garder sa chambre propre, et j’en passe.
Nous apprenons donc qu’il y a des succès, et des échecs. C’est l’un ou l’autre.
Alors lorsque nous faisons face à un succès, nous avons appris à être en réaction AU succès: joie, fierté, satisfaction, utopie, célébration – une bonne tape sur l’épaule. Et il n’y a rien de mal avec ça.
Lorsque nous faisons face à un échec, nous avons appris à être en réaction À l’échec: tristesse, honte, colère, jalousie, découragement, déception – nous marchons la tête basse. Nous l’apprenons par mimétisme sociétal, amplifié par un manque d’habileté à pouvoir gérer nos émotions.
À mon avis, ces réactions sont tout à fait normales. Lorsqu’on connait le succès, c’est bon de célébrer et d’être fier de nous-mêmes. Et lorsqu’on connait un échec, notre niveau de confort diminue, ce qui n’est pas une mauvaise chose non plus, car c’est notre signe qu’il faut le travailler davantage pour réussir la prochaine fois.
Et si au lieu d’être en réaction AU succès ou À l’échec, nous sommes en réaction POUR L’APPRENTISSAGE ?
Une situation d’échec ou une situation de succès est en fait une situation d’apprentissage. Par exemple: bien réussir une évaluation en sciences est interprété comme un succès, toutefois comment l’élève peut-il apprendre à s’améliorer davantage? La question se pose aussi bien pour un élève qui a réussi à 100%. De même pour l’échec: si l’élève n’a pas connu du succès, comment peut-il se servir de cette expérience pour apprendre et obtenir un meilleur résultat la prochaine fois ?
Développer cette façon de traiter le succès et l’échec doit commencer à un jeune âge. J’ai lancé la question suivante dans un Tweet:
Voici un bel exemple d’une stratégie gagnante utilisée par Brigitte Lapierre, enseignante au cycle préparatoire et au primaire:
“Devenir résilient face à l’échec se développe dès un jeune âge”. En autres mots, cet apprentissage doit être entamé à la maison, même avant le début de la scolarité de l’enfant, et accompagner les parents à pouvoir le faire devient un investissement indispensable pour l’école.
Cherchez-vous à savoir comment vous pouvez appuyer un enfant qui fait face à un échec ? Voici un article qui propose de bonnes stratégies. C’est à partager dans vos communautés !
Être le modèle
Autant qu’il soit important d’enseigner à nos enfants les stratégies qui leur permettront d’être en réaction POUR l’apprentissage, nous devons être des modèles pour eux. N’oublions pas que les enfants apprennent et imitent des comportements en regardant et en écoutant les autres.
Je vous invite à prendre quelques instants pour vous poser les questions suivantes:
- Quelles sont mes propres réactions au succès et à l’échec ?
- De quelles façons est-ce que je m’exprime dans ces situations ?
- Est-ce que j’adopte et je modèle une posture d’apprenante ou d’apprenant dans des situations de succès et d’échec ?
- Quel est l’impact de ma posture sur les gens qui m’entourent ?
Oui, la mission de l’école est d’outiller les élèves afin qu’ils puissent réussir. Toutefois, ce n’est pas sa seule et unique mission. L’école est là aussi pour l’apprentissage, et un des plus beaux cadeaux que nous pouvons donner aux enfants, c’est qu’ils découvrent l’apprentissage dans toutes les situations (échecs ET succès), tout au long de la vie, et qu’ils deviennent des apprenants à vie.
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